Les vrais-faux mannequins sont nés

Un pas vers le futur ! Olivier Rousteing, le directeur artistique de la maison de couture fondée par Pierre Balmain, a dévoilé sa nouvelle « Balmain Army ». Margot, Shudu et Zhi sont des mannequins pas tout à fait comme les autres. Leur signe distinctif ? Elles ont été toutes les trois créées par ordinateur et la maison les considère comme sa « virtual army ». Ces mannequins virtuels vont-ils détrôner les top models en chair et en os ?

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Des superstars sur la Toile

Sur Instagram, Shudu se présente comme « The World’s First Digital Supermodel (La première super modèle digitale du monde) ». Cette beauté noire aux jambes interminables, compte quelque 143.000 d’abonnés sur Instagram.

Elle est la « création artistique » du photographe londonien Cameron-James Wilson, qui a souhaité donner vie à « un fantasme qui deviendrait la réalité dans notre monde filtré, où le réel devient faux ».

Elle est l’égérie que Rihanna a choisie pour sa ligne de cosmétiques Fenty Beauty.

Shudu n’est pas unique en son genre. Lil Miquela compte 1,4 million d’abonnés sur Instagram, Bermuda, 101.000, Blawko (seul garçon du groupe), 136.000.

Ces étranges personnages fictifs sont devenus en quelques mois des superstars sur la Toile et envahissent doucement le monde de la mode. La maison Dior a fait appel quant à elle à l’influenceuse virtuelle Noonoouri (suivie par 103.000 personnes sur Instagram) pour son défilé Croisière 2019 aux Grandes Ecuries de Chantilly. Au Japon, Orelsan, le rappeur cofondateur de la marque streetwear Avnier a pris la pose aux côtés de Perl, une influenceuse « née et élevée sur Internet » comme le précise sa bio.

Le phénomène n’est pas nouveau. En 2013, Marc Jacobs habillait en Vuitton, la pop star virtuelle japonaise, Hatsune Miku, pour une tournée mondiale tout en hologramme.

En 2015, sous la direction artistique de Nicolas Ghesquière, Louis Vuitton choisissait Lightning, personnage du jeu vidéo Final Fantasy, conçue par Tetsuya Nomura, comme égérie de sa campagne Séries 4.


Des personnalités très engagées

Lil Miquela est mannequin, chanteuse, mais aussi activiste. Cette Brésilienne de 19 ans est l’égérie de la maquilleuse Pat McGrath, et pose à la une de magazines renommés aussi bien que pour Prada.

Elle soutient le mouvement Black Lives Matter, les droits des immigrants et affiche ses affinités LGBT. Ce personnage fictif a été créé par Trevor McFedries et Sara Decou en tant que projet d’art numérique.

De son côté, Bermuda affiche quant à elle son soutien au président Donald Trump, et se cyber-dispute avec Lil Miquela.

Nées de l’intelligence artificielle et des progrès en images de synthèse, ces créatures interrogent notre société obsédée par la perfection des faux-semblants. L’apparition de ces supermodels virtuels risque-t-elle de ringardiser les humains ?

« Ce sujet créé beaucoup de polémiques. Un mannequin homme ou femme ne travaille généralement que pendant une période de leur vie. Ces mannequins virtuels sont quant à eux immortels », estime Jérôme Bergeret, ex-directeur du FashionLab et actuel directeur consulting bien de consommation, produit de grande consommation, distribution chez Dassault Système.

De la même manière que le cinéma fait revivre des acteurs décédés grâce aux images de synthèse, on pourrait imaginer la création d’avatars de certains mannequins vedettes ou la résurrection de top models décédés.

Le mannequin idéal en fonction de la cible visée

Lisa Gen a un air d’Eva Green, mais aussi de Juliette Lewis, de Sylvia Kristel, d’Anna Mouglalis, de Valérie Lemercier ou encore de Liv Tyler. Elle n’est pas dotée d’intelligence artificielle, Lisa est une image morphing. Elle est le fruit de quatre années de développement du Français Thomas Pastor, 39 ans, un expert des effets spéciaux, à qui l’on doit notamment les dragons de Game of Thrones. « L’anamorphose existait déjà avec la 2D et Photoshop, rappelle Jérôme Bergeret. Aller sur le mannequin virtuel permet de trouver le mannequin idéal en fonction de la cible visée. »

Ainsi, Lisa peut d’ores et déjà bouger la tête, les mains et les jambes, maigrir ou changer de couleur de cheveux ou de ses yeux à la demande. Elle permet aussi aux créateurs de mode et aux fabricants de cosmétiques de réaliser des shootings à moindre coût, en moyenne 5.000 euros.

Ces mannequins virtuels défilent pour le moment encore rarement : Ralph Lauren a organisé en 2014 un défilé à base d’hologrammes, tout comme Burberry, qui avait offert aux habitants de Pekin un show incroyable mélangeant des hologrammes à de vrais mannequins en 2012, ou encore la griffe Forever21.

Zara, de son côté, a présenté en avril dans cinq de ses magasins parisiens des pièces sur des mannequins visibles via une application de réalité augmentée.

Des gains de temps et d’argent

La hiérarchie qui existe dans le réel entre le top model et le simple mannequin existe aussi dans le virtuel. Aux côtés des stars que sont Shudu ou Lil Miquela, il existe de nombreux mannequins virtuels anonymes.

Asos a signé un accord avec la start-up israélienne Zeekit pour recourir à des mannequins digitaux. Le système permet de rajouter virtuellement les quelque 80.000 produits du catalogue d’Asos sur trois mannequins mesurant 1 mètre 78, mais s’habillant respectivement en 36, 40 et 42. Un gain de temps et d’argent considérable pour la marque.

Allure Systems, spécialiste des mannequins virtuels, qui travaille notamment pour La Redoute et Showroomprivé, a annoncé la levée de trois millions d’euros auprès d’investisseurs français. Vente-Privée a lourdement investi dans ce domaine. H&M utilise depuis 2011 des mannequins virtuels filiformes mais avec de vraies têtes de mannequins humains.

« Il y a eu une dérive des corrections sur les mannequins. Il faut désormais obligatoirement mentionner si une photo a subi des retouches ou pas. De la même manière, il faudrait préciser si on a utilisé un mannequin virtuel ou pas, il faut la même honnêteté », considère Jérôme Bergeret.

Immortels, modifiables sur demande, et moins onéreux, les mannequins virtuels vont-ils voler la vedette aux humains ? « Je vais paraphraser le créateur de l’ambassadeur du FashionLab, Julien Fournié, un shooting physique, c’est la rencontre entre la conception d’une robe, un mannequin et un photographe, et cela crée des sortes d’incidents, une magie qu’aucun algorithme, aucune création 3D ne peut créer. »

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